Le guide des galeries

Galeriste depuis toujours – «Je n’ai jamais fait autre chose», confesse-t-elle – elle est formée chez Artcurial au début des années 1980.

Elle y rencontre son mari, un collectionneur, et crée avec lui, à Paris, une pre- mière galerie en 1985, dans le Marais jusqu’en 1993, puis une deuxième, qui ouvre quelques années plus tard à Montmartre.

«On avait un ancrage – expressionnisme, peinture ludique, sensible, narrative – qu’on a toujours cherché à garder» : F. Crabit, des élèves de L. Cremonini (E. Sacaillan, O. de Mazière, A. Bayon, A.-M. Tsakali…), D. Pouppeville, A. Lemant, puis Z. Milhstein, «le plus grand artiste que j’ai exposé, un des plus grands artistes d’aujourd’hui». Désormais installée en Bretagne, elle continue à défendre la plupart de ces artistes.

Il faut que ce soit poétique, éventuellement ludique, narratif, autobiographique et lumineux !

En 2008, en effet, cap sur l’ouest ! «Mon mari est de Saint-Briac-sur-Mer et nous y venions depuis longtemps. Il y avait une ancienne boucherie, deve- nue brocante. Je me suis dit : pourquoi ne pas essayer de faire mon métier ici l’été, quand viennent les parisiens ? J’ai constitué une sélection et en deux mois, j’ai fait l’équivalent de deux ans de chiffre d’affaires à Paris ! J’ai décidé de rester et ça fait douze ans que je suis là, dans mon petit bocal à pois son rouge.» La ligne se réoriente un peu : Vincent, «tourné vers la peinture engagée, un peu douloureuse, très en matière», prend du champs, et Ghislaine choisit des artistes plus accessibles, non pas moins exigeants. «Je suis extrême- ment libre et promeus l’art «intermé- diaire», entre figuratif et brut. Je montre des choses que je sais pouvoir vendre, mais j’ai aussi, « en fond de sauce », Pouppeville,Lemant, Milhstein, que je présente aux gens dont je sens qu’ils ont un œil affûté.»

En 2009, avec l’exposition «la poule dans tous ses états», elle présente, dans un lieu municipal, 55 artistes, 260 œuvres de tous supports (marbre, papier, bois, œufs, tesson de bou- teille…), «une exposition jubilatoire, qui a marqué les esprits !». Cet éclectisme de médiums et techniques continue à définir une ligne esthétique qui inclut photographie, peinture, dessin, sculp- ture (céramique, verre, bronze, zinc…) et fait la part belle aux motifs côtiers – Bretagne oblige ! – traités avec har- diesse (Y. Markantonakis, G. Querrien, J.-P. Le Bozec…). La galerie présente aussi des textiles ingénieux d’A. de Briey, l’artiste verrier breton Y. Connan, les œuvres, poétiques et narratives, de M.-L. Gérard-Bécuwe, les paysages abstractisants de B. Morel, réalisés en assemblages de morceaux de zinc, ou encore les rêveries dessinées à l’encre par J. Murgue qui «invente des pla- nètes, des villes», un monde fantas- tique aux allures « de conte sacrés ou de scènes de la Bible ou du Petit Prince».

Un mot d’ordre : «Il faut que ça soit sensible, poétique, éventuellement ludique, narratif, autobiographique et lumineux ! Même si Z. Milshtein, par exemple, peut être sombre, son art garde de l’espérance.»