Le ciel tient une place immense dans la peinture d’Henri de Quatrebarbes, qui perpétue ainsi une grande tradition de la peinture occidentale, et peut-être universelle. Insondable, superbe, il est toujours présent, que ce soit dans les paysages oniriques, mer et ciel, bleu vert et vert bleuté, ou au-dessus des assemblages de formes et de couleurs récurrents dans cette oeuvre, ce qui ne va pas de soi puisque ces entités ont quelque chose de natures mortes.
Le ciel, proche et insaisissable, familier et mystérieux, réel et évanescent. Le ciel aussi significatif qu’abstrait, depuis la nuit des temps. Le ciel à la fois lieu du sens, au-delà de l’homme, infini de l’esprit, et matrice de l’abstraction, de même que la mer, la glaise, le feu, les écorces, les pierres. Le ciel, écran des attentes et des rêves humains et puissance étrangère, domination, menace.
Le ciel est là, celui qui nous est familier, sans pourtant nous être connu. Au-dessous, c’est plus énigmatique encore. Que dit Henri de Quatrebarbes de la terre, la terre des hommes ? Qui sommes-nous sous le ciel ? Qu’y faisons-nous ? Il n’y a pas de présence humaine dans ces envoûtantes toiles. Des traces, oui : de grandes formes sur la mer, des fenêtres ouvertes sur le vide, des parallélépipèdes comme en apesanteur. Des enchevêtrements de couleurs, beaux objets impossibles à identifier. La vie est arrêtée. Est-ce la mort qui a le dernier mot dans toute entreprise humaine ? Est-ce une distance ironique : voyez où mène votre agitation …
Il ne s’agit pas d’une peinture tragique, mais pas non plus d’une peinture rassurante. Tout passe, tout passera, c’est ainsi. C’est bien ainsi. Restera le ciel.

11/05/2017
Laurence Cossé