ou l’autre côté du regard
André Boubounelle apparaît dans l’encadrement de la porte de la galerie pour me demander…mais me demander quoi au juste ?
Sa peinture est à l’image de cette petite scène de début de matinée: ce qu’elle dit en apparence a peu de rapport avec ce qu’elle révèle dans le fond. Il retient puis retranscrit sur sa palette les atmosphères particulières où circule l’air et la lumière selon le temps, selon le lieu. Il englobe de son regard exigent le moment d’un paysage, lui parle sans rien lui dire, une façon de le garder en vie le temps du moment pour en saisir toute la présence, mieux s’en souvenir, inquiet du risque qu’il lui échappe. Car André Boubounelle est un «intranquille» au Mille questions quotidiennes auxquelles sa peinture sait répondre. Il y met toutes sortes de couches et de glacis, une sauce savoureuse qui prend le goût de son humeur.
Elle illustre parfaitement cette phrase dont je ne connais pas l’auteur mais qui me plaît infiniment: «le sujet en peinture…ce n’est pas le sujet» Par sa peinture, il écrit l’invisible, la part sensible, celle que nous ne voyons pas. Il nous entraîne de l’autre côté de notre intelligence et nous oblige à regarder au fond des yeux ce paysage croisé tant de fois mais que l’habitude a transformé en image.
Ce qu’il partage avec nous vient du visible mais ce qu’il nous donne appartient à l’âme et la sienne est au dessus des nuages.
Ghislaine Eonnet Dupuy Mai 2013 – Saint Briac